Vaginisme : quand la pénétration fait mal

Si le terme vaginisme a été inventé au 19e siècle par le gynécologue américain James Sims, ce trouble est resté longtemps méconnu (au mieux) ou ignoré (au pire). Les femmes qui souffraient de ces douleurs lors de rapports sexuels n’osaient que peu prendre la parole ou consulter des spécialistes. Au même titre que l’endométriose, le vaginisme et les troubles liés à la sexualité féminine tendent de moins en moins à être invisibilisés . Merci les mouvements comme #metoo et la levée progressive des tabous sur le plaisir et la sexualité des femmes. Aussi, si le vaginisme concernerait 1 à 3% des femmes en France, il reste en réalité difficile d’estimer combien de femmes en souffriraient, beaucoup d’entre elles n’en parlant pas.

Qu’est ce que le vaginisme ?

Le vaginisme désigne une contraction involontaire des muscles du périnée, bloquant complètement ou partiellement l’ouverture du vagin. Cette contraction rend tout acte de pénétration impossible ou très douloureux.

Il convient de distinguer deux principales formes de vaginisme :

• On parle de vaginisme primaire, lorsque les spasmes et les douleurs lors de la pénétration ont toujours été présents. Les femmes qui en souffrent débutent ainsi leur vie sexuelle sans pouvoir prendre de plaisir avec une sexualité pénétrative.
• À l’inverse, lors de vaginisme secondaire, la femme connait une dyspareunie liée aux contractions involontaires des muscles entourant l’ouverture du vagin sans avoir auparavant souffert de douleurs lors de la pénétration.

Bien que moins connu, il existe également un vaginisme dit situationnel lorsque la pénétration est douloureuse uniquement dans certains cas. On peut alors souffrir de vaginisme lors de l’intromission du pénis et ne pas en souffrir au cours d’un examen gynécologique ou lors de l’insertion d’un tampon pendant les règles.

Enfin, il est question de vaginisme global dès lors que tout acte de pénétration (pénis, doigts, tampon, examens) se révèle impossible, notamment car trop douloureux.

Vaginisme : quand l’esprit parle au corps

Dans la grande majorité des cas, le vaginisme n’est pas lié à des problèmes physiques ou à des malformations mais à des origines psychologiques.

Un mécanisme de défense ou de protection pourrait expliquer de nombreux cas. Mais le vaginisme peut également provenir d’une méconnaissance de son propre corps. On se représente alors un vagin trop étroit ou on confond inconsciemment pénétration et perforation. Ici, les spasmes traduisent une distorsion cognitive de son corps et de la pénétration.

Des traumatismes liés à un abus sexuel ou à un acte médical intrusif, des conflits psychologiques inconscients ou encore des interdits moraux et religieux peuvent également être à l’origine de ce mal.

Si le vaginisme peut être imputé à ces diverses causes, la peur de la douleur prend ensuite le relais et renforce les contractions, la pénétration deviendrait alors une phobie. Fonctionnant comme un cercle vicieux, la douleur ressentie est source de stress, d’anxiété, d’angoisse, de complexes, ce qui se manifestera par de nouvelles douleurs liées aux spasmes lors du prochain rapport sexuel pénétratif.

Quelles solutions lorsque l’on souffre de vaginisme ?

La première étape avant de guérir du vaginisme est d’arrêter de se faire du mal et de se forcer à réaliser un acte impliquant une pénétration. Nous l’avons vu, la douleur ne fait qu’accentuer la peur et le stress, ce qui n’arrangera en aucun cas la situation.

Soigner le vaginisme passe par un accompagnement psychologique, par une rééduction périnéale et une ré-appropriation de son corps.

L’approche sexo-corporelle joue sur la partie physique et mécanique. Il s’agit de (re) découvrir son corps, de l’explorer, de regarder sa vulve etc. Cela passe également par une rééduction des muscles du perinée, en accompagnement avec des kinésithérapeutes spécialisés. Petit à petit, il s’agit d’essayer la pénétration, avec un doigt ou des dilatateurs vaginaux et via des exercices de relaxation. Ce processus doit se faire en douceur et sans douleur, encore une fois il ne convient pas de forcer la pénétration, afin que le corps n’associe plus pénétration à douleur.

Cette démarche doit être couplée d’une approche cognitivo-comportementale qui, elle, va agir sur le plan psychologique. La personne peut être accompagnée par des sexologues et psychologues ou encore faire appel à l’hypnose. L’accompagnement psycho-sexuel consiste avant tout en une écoute des angoisses et à comprendre l’origine mentale des contractions physiques des muscles du plancher pelvien.

Les spécialistes analysent ainsi différents facteurs, pouvant être psycho-émotifs comme la peur ou un malaise corporel mais aussi psycho-sociaux et psycho-culturels tels que l’environnement familial, la religion, l’expérience de la patiente, les éventuels traumatismes qu’elle aurait pu vivre. En désignant la source du problème, il s’agit de « casser » les pensées négatives automatiques survenant au moment de la pénétration.

Si vous ne savez pas vers quels thérapeutes vous tourner, le site internet Les Clés de Vénus regroupe un annuaire de professionnels spécialisés (kinésithérapeutes, sage-femmes, gynécologues, psychologues, sexologues…) dans toute la France ainsi que des témoignages de patientes pour vous aider à faire appel aux bons spécialistes.

Faire l’amour sans pénétration

Il semble évident que le vaginisme est source de nombreux maux et peut impacter la vie des femmes qui en souffrent : crainte pour le couple, sentiment de honte et de culpabilité, peur de ne pas s’en sortir, sentiment de ne pas être une « vraie femme » … c’est pourquoi s’écouter, prendre en charge ce trouble et en guérir est important.

Cela dit, il convient de rappeler que la sexualité ne se limite à la seule pénétration du pénis dans un vagin. Faire l’amour peut prendre de multiples formes et il est tout à fait possible d’obtenir un orgasme et d’être sexuellement épanoui sans acte pénétratif (oui oui, même pour le partenaire masculin). Beaucoup de femmes n’arrivent d’ailleurs pas à jouir uniquement avec une pénétration, il existe une multitude de pratiques et positions sexuelle permettant plaisirs et jouissances sans pénétration : fellation, cunnilignus, 69, queening, face sitting, utilisation de sextoys ou d’accessoires…

Comme l’explique Martin Page dans son essai Au delà de la pénétration , la sexualité a plusieurs visages et est propre à chacun, vous n’avez pas à culpabiliser d’avoir une sexualité qui ne correspond pas à la majorité et qui ne répond pas aux normes sexuelles imposées par la société.

(Image à la une : Getty Images)