Les cheveux, symbole de l’orientation sexuelle ?

Dans son roman « La Vénus se rebelle » qui paraitra le 11 mai aux éditions Leduc, Aurélie Marchi décortique la façon dont les cheveux sont perçus socialement et donne un coup de pied dans la fourmilière des injonctions, en partant de son expérience personnelle : celle d’une femme hétéro aux cheveux longs qui est devenue une femme hétéro aux cheveux courts. Et de ce que ça a changé dans sa vie.

Les cheveux courts, un marqueur de la sortie de la norme

« D’aussi loin que je me souvienne, la femme qui se coupe les cheveux court, très court, est dans l’imaginaire collectif, dans cette réflexion primaire et sans fondements concrets, une femme-homme et, donc, une femme qui aime les femmes. » extrait de La Vénus se Rebelle (p.41).

Pour Aurelie Marchi, une hétérosexuelle qui vit en couple, se raser le crâne a eu des conséquences multiples dans son quotidien, notamment celui de brouiller l’expression de son orientation sexuelle. Si elle ne ressent pas les suspicions d’homosexualité comme une insulte ou une injure – elle constate, après s’être rasé le crâne, que certains regards féminins ont changé dans l’espace social.

Pour elle, l’explication pourrait provenir d’une continuité dans l’affranchissement des normes : « Il faut déjà tellement s’affirmer quand tu es gay, que se couper les cheveux semble être une continuité de cette affirmation identitaire qui rebat les cartes de qui est perçu comme la normalité.« 

Les cheveux courts en couple hétérosexuel, un moyen d’affirmer sa liberté ?

Aurelie Marchi, au cours de son exploration capillaire, a aussi mis le doigt sur un deuxième constat : dans de nombreux couples hétérosexuels, la coupe de cheveux est une décision collective, en particulier chez les femmes dont le rôle d’apparat est très marqué. Pas question de se couper les cheveux sans l’aval du mari, et les nombreuses questions de son entourage, en particulier féminin, « ton mari approuve ? » trahissent que ce sujet serait, pour beaucoup, une décision de couple (et souvent, cette décision serait d’avoir « les cheveux longs »).

Aussi Aurélie remarque qu’elle subit beaucoup plus d’harcèlement de rue qu’auparavant : les cheveux courts peuvent être un signal d’affranchissement du couple, de célibat assumé ou de liberté individuelle – et donc le glissement vers la liberté sexuelle n’est pas très loin.

Des marqueurs qui peuvent bien sûr s’avérer très trompeurs, mais qui nous font réfléchir sur l’importance des normes dans notre société.