Vaginismes : les Françaises osent (enfin) en parler !

A travers leur dernier livre « Vaginismes », la sexothérapeute Angéla Bonnaud et la sexologue Margot Maurel reviennent sur un mal féminin peu connu en France, les vaginismes ! Faute de trouver un recueil explicite sur ce phénomène à présenter à leurs patientes, elles ont écrit le leur. Rencontre avec l’autrice qui compte bien détabouiser la peur d’être pénétrée.

« C’est avec humilité et colère que nous avons décidé d’écrire ce livre. En octobre 2021, lorsque notre projet mûrit, le constat est sans appel : il n’existe aucun livre sur les vaginismes. Les chiffres sur le sujet sont vagues : 1 à 10 % des femmes en âge de procréer en souffriraient, or, pour nous, une chose est sûre, c’est au moins un quart de notre patientèle qui vient pour cela en consultation de sexologie. » rappellent Angéla et Margot au début du livre. Rencontre avec Angéla Bonnaud qui a fait des vaginismes, son combat.

Pour tout savoir : Vaginisme, quand la pénétration fait mal

Sexe en France : Bonjour Angéla Bonnaud ! Vous êtes la première à sortir un livre centré sur les vaginismes, cela semble curieux d’attendre 2023 pour enfin en parler ?

Angéla Bonnaud : Oui, la documentation sur ce sujet est assez limitée, surtout parce que l’on n’a pas encore une bonne visibilité sur le phénomène. On estime qu’entre 1 et 10% de femmes Françaises sont atteintes de vaginisme ! Cette variabilité s’explique car cela dépend des définitions et des types de vaginisme. Nous en tant que sexothérapeute, le curseur, c’est surtout la honte associée au fait de ne pas réussir à être pénétrée.

Sexe en France : Finalement, les vaginismes ne sont-elles pas avant tout psychologiques ?

Angéla Bonnaud : Les vaginismes, c’est très psycho-corporel. Dans tous les témoignages de nos cabinets, il y a quelque chose autour de la notion de douleur ou de peur qui provoque cette contraction réflexe qui est plus ou moins intense, plus ou moins longue.
Et puis, il y a un aspect très sociétal aussi ! La représentation du rapport sexuel c’est encore très pénétratif, et cela peut provoquer la peur d’être dominée, de ne plus pouvoir bouger, d’être vulnérable. Les images qui sont associées à la sexualité dans la culture populaire n’aident pas.
Surtout que le vagin n’est pas la zone la plus innervée du corps humain !

Sexe en France : Est-ce qu’être pénétrée, ça s’apprend ?

Angéla Bonnaud : Oui ! On se complait beaucoup de nos méconnaissances en matière de sexualité en pensant que se faire pénétrer, c’est inné. Et pourtant ! Être pénétrée ça s’apprend, tout comme on apprend aussi à pénétrer l’autre.

Angéla Bonnaud, sexologue et sexothérapeute, consulte au 32 place St Georges, dans le 9ème arrondissement de Paris.