Lourdes : l’exhibition de l’artiste Deborah de Robertis condamnĂ©e
Quand l’art se retrouve dans l’espace public (quelque soit sa forme) il est plus facilement sujet Ă polĂ©mique. Il peut fasciner ou au contraire choquer ! RĂ©cemment, la statue en forme de vulve La Fontaine d’Elsa Sahal a dĂ©frayĂ© la chronique. Cette fois-ci, c’est Deborah de Robertis, une artiste luxembourgeoise, qui revient dans l’actualitĂ© pour la condamnation de sa performance Ă Lourdes en 2018.
Une exhibition remarquée
En 2018, l’artiste Deborah de Robertis s’est affichĂ©e dĂ©nudĂ©e Ă l’entrĂ©e de la grotte du Sanctuaire de Lourdes. PostĂ©e devant la statue de la vierge Marie, elle portait seulement un voile bleu sur la tĂȘte et mimait les mĂȘmes gestes que la sculpture.
Sur ses rĂ©seaux sociaux, elle explique que son geste, dans sa dĂ©marche artistique, reste avant tout fĂ©ministe : « Avec ce geste de mise Ă nu, j’incarne l’apparition de la Vierge avec mon corps de chair et de femme vivante. Ce geste est un hymne Ă la vie. En incarnant les modĂšles fĂ©minins, mon propos est de les libĂ©rer du cadre dans lequel ils sont figĂ©s et inverser ainsi le point de vue Ă partir du regard des femmes sur le plan historique, politique et artistique« .
Un acte condamné
En 2018, le Sanctuaire de Lourdes avait portĂ© plainte contre l’artiste pour exhibition sexuelle. Selon le droit français, l’exhibition sexuelle dĂ©signe lâaction consistant Ă dĂ©voiler en public sa nuditĂ©, en montrant ses attributs sexuels ou en commettant un acte Ă caractĂšre sexuel. Elle peut ĂȘtre condamnĂ©e jusqu’Ă 1 an d’emprisonnement et 15 000 euros d’amende.
Deborah de Robertis en a ici fait les frais : le 6 AoĂ»t 2020, elle a Ă©tĂ© condamnĂ©e Ă 2000 euros d’amende. Pour le Procureur, l’acte, qu’il soit dans un cadre artistique ou non, a enfreint la loi, d’oĂč la condamnation.
L’artiste compte faire appel de cette dĂ©cision. Elle continue de soutenir le fait que son acte se montrait artistique et militant.
Deborah de Robertis adepte de l’exhibition au nom de l’art
Avant Lourdes, elle n’avait jamais Ă©tĂ© condamnĂ©e pour ses performances. Dans une dĂ©marche artistique elle s’Ă©tait dĂ©jĂ dĂ©nudĂ©e en public Ă plusieurs reprises. Une fois pour imiter L’origine du monde de G. Courbet et une autre fois en rĂ©fĂ©rence Ă Olympia d’E. Manet. Ă chaque fois arrĂȘtĂ©e, elle rĂ©ussissait toujours Ă ĂȘtre relaxĂ©e.
Toutes ses performances semblent pensĂ©es dans un but : bousculer les codes et marquer les esprits. Pour elle, le plus important reste le message qu’elle souhaite faire passer. Lors d’une interview pour les Inrockuptibles, l’artiste explique que « se mettre nu, câest vraiment accessoire, c’est presque la chose la plus facile de la performance. Les gens pensent que c’est le coeur, mais non, ce nâest pas un strip-tease. Ce qui mâintĂ©resse c’est la confrontation« .
Pourtant, le corps de la femme demeure encore sexualisĂ© et le tabou de la nuditĂ© est loin d’ĂȘtre levĂ©. La majoritĂ© des Français(es) a encore du mal Ă se faire Ă la tendance « no-bra » par gĂȘne de percevoir des tĂ©tons Ă travers les vĂȘtements. Accueillir la nuditĂ© comme le fait Deborah de Robertis, ne semble pas ĂȘtre pour tout de suite…
(Image Ă la une : Deborah de Robertis)