Peindre l’érotisme au féminin, le combat d’Aurélie Galois
Aurélie Galois est passionnée de peinture depuis toute petite. Avant de trouver le moyen d’en vivre, Aurélie a travaillé auprès de photographes et au sein de magazines de mode. Puis, elle s’est jetée dans le grand bain : elle a suivi l’enseignement d’un maître durant une dizaine d’années, façonnant ses mains à des techniques exigeantes, et son œil, à saisir la beauté du monde, ainsi qu’ à apprécier les corps féminins.
Peindre l’érotisme, un moyen de se réapproprier son corps
Pour Aurélie Galois, il existe une passerelle très étroite entre la peinture et l’érotisme : « La peinture à l’huile est un matériel très sensuel. Je connais très peu de peintres qui ne se sont pas essayés au nu artistique, un jour dans leur carrière.«
Si Aurélie Galois aime représenter le corps des femmes, elle ne sait pas si cela provient d’une habitude à reproduire les grandes oeuvres classiques (et le féminin y est souvent porté aux nues !) ou si c’est une façon de s’identifier à ses personnages. Un peu des deux, assurément ? « Je me transpose dans le corps de la femme que je peins. La petite séquence que je viens figer grâce à mon pinceau m’excite ou m’émeut. Dans tous les cas, je le vis dans ma chair, comme si j’étais le sujet de désir dans ma peinture. Chez moi, mes personnages sont actifs. »
Une façon également d’entretenir sa libido à travers son activité. « Je conseille à tous ceux qui ont une petite baisse d’envie sexuelle de se mettre à la peinture érotique, ou à la littérature. Ca rebooste, d’un coup ! » s’amuse-t-elle.
La miniature, une jolie façon de considérer l’intime
Et c’est à travers des petites miniatures qu’Aurélie Galois exprime sa vision artistique de la chose sexuelle : « Peut-être qu’il y avait une part de timidité, je ne pouvais peut-être pas dessiner une énorme bite sur une toile, ça n’aurait pas été moi. Ce que j’aime dans la miniature c’est que ça te force à te rapprocher, ça crée de l’intimité. »
Cette peintre aime concevoir ses petites boîtes comme des petits « peep shows », où l’on est obligé d’approcher l’oeil, voire de prendre une loupe, pour capter tout l’explicite des détails.
Aurélie Galois utilise également la feuille d’or dans de nombreuses de ses œuvres : « Le naturalisme blafard, c’est pas du tout mon truc. A travers mon art, j’ai envie d’embellir ce que je vois. Comment le faire ? La feuille d’or, bien sûr. C’est du vrai or, ça attrape le regard, comme un bijou autour du cou. Et comme bijou signifiait à une époque « sexe féminin », ça fait sens.«
Etre une femme et représenter l’érotisme, c’est devenir un objet de fantasme ?
Aurélie Galois a découvert qu’en se positionnant comme une femme qui se sert de sa libido pour exprimer son art, elle devient subitement un objet de fantasme auprès de son public. Ce qu’elle n’aurait jamais imaginé ! « Je pensais plutôt refroidir en m’attaquant à ce sujet, car pour moi, peindre le nu avait quelque chose de viril. « Pinceau », d’ailleurs, voulait dire « petit pénis ». Et puis le peintre n’est pas gracieux : on est sale quand on peint, il n’y a aucune mise en scène et ce n’est pas très sexy.«
Et pourtant, Aurélie Galois a connu quelques clients qui achetaient ses œuvres pour « posséder un petit bout d’elle-même ». Preuve que son art est perçu comme une extension d’elle-même, un être érotique et très libidineux.
Et Aurélie Galois assume pleinement que son art puisse exciter ses spectateurs : « Le plus beau compliment que l’on m’ai fait ? Une femme qui m’a confessé s’être donné du plaisir sur une de mes œuvres. A l’heure où le digital fleurit de vidéos pornographiques, j’étais très fière d’être à l’origine d’un plaisir solitaire ! »
Vous pouvez retrouver toutes les oeuvres d’Aurélie Galois à Sweet Paradise (12, rue Marie Stuart, Paris 2ème) samedi prochain de 15h à 18h.
(Image à la une : Aurélie Galois / Torn Tights)