5 femmes qui ont marquĂ© l’Histoire
En ce 8 mars 2021, journĂ©e internationale de la lutte pour les droits des femmes, Sexe-En-France dresse le portrait de 5 femmes brillantes dont les apports majeurs ont longtemps Ă©tĂ© au mieux oubliĂ©s, au pire ignorĂ©s. Elles sont artistes, scientifiques ou activistes et chacune Ă leur manière ont marquĂ© l’Histoire.
Artemisa Gentileschi, première peintre baroque (1593-1652)
ConsidĂ©rĂ©e comme l’une des pionnières de la pĂ©riode baroque, Artemisa Gentileschi nait Ă Rome en 1593. Fille du peintre Orazio Gentileschi, elle apprend le dessin et la peinture auprès de lui et rĂ©vèle ses talents artistiques. Elle signera sa première toile Suzanne et les vieillards Ă 17 ans.
Pour la faire progresser dans son art, Orazio engage le peintre Agostino Tassi. Le prĂ©cepteur violera la jeune femme et promet d’Ă©pouser sa victime afin de sauver sa rĂ©putation. Son père portera l’affaire devant le tribunal, l’enquĂŞte durera plusieurs mois et sera vĂ©cue comme une Ă©preuve douloureuse pour la jeune artiste. Les examens gynĂ©cologiques, la violence de la procĂ©dure et la cruditĂ© des faits relatĂ©s marquerons Artemisia et influencerons considĂ©rablement son art. Le tableau Judith dĂ©capitant Holopherne exprime le dĂ©sir de revanche de l’artiste : la scène est d’une intense violence, elle se prend comme portait pour Judith alors qu’Holopherne porte les traits de Tassi. Son oeuvre sera marquĂ©e par un tĂ©nĂ©brisme, une accentuation dramatique, l’utilisation des contrastes de la lumière et de l’obscuritĂ© profonde, et la violence des scènes reprĂ©sentĂ©es.
Elle quittera Rome et ses scandales et sera la première femme Ă intĂ©grer l’AcadĂ©mie des Beaux Arts de Florence. Artemisa se fera connaitre et reconnaitre par les artistes de son temps. Elle obtient plusieurs commandes, notamment celle d’une toile destinĂ©e Ă dĂ©corer le plafond de la salle des peintures du neveu de Michel Ange. Artemisa Gentileschi produira de nombreuses oeuvres oĂą figurent les personnages fĂ©minins de la bible et est considĂ©rĂ©e comme une artiste majeure du mouvement Caravagesque.
Isadora Duncan, danseuse libre (1877-1927)
Isadora Duncan nait en 1877 Ă San Fransisco, elle quitte l’Ă©cole et commence Ă donner des cours de danse avec sa soeur afin d’aider financièrement sa mère.
Elle part Ă Londres en 1899 pour travailler comme danseuse, et y dĂ©couvre l’art de la Grèce Antique au British Museum qui sera sa source d’inspiration tout au long de sa vie.
La danseuses s’installe Ă Paris en 1900 et y connait un succès fulgurant. Elle puise sa crĂ©ativitĂ© dans l’improvisation, le corps et l’Ă©motion. Sa danse et son travail chorĂ©graphique accorderont alors une place particulière Ă la spiritualitĂ©. De nombreuses personnes seront sĂ©duites par sa philosophie, ce qui lui permettra d’ouvrir une Ă©cole. Rejettant les codes du ballet traditionnel, elle se libère des pointes et des tutus, danse pieds nus et ose s’exhiber presque nue, seulement dissimulĂ©e par quelques voiles.
La philosophie et les apports artistiques d’Isadora Duncan jetteront les bases de la danse moderne europĂ©nne.
Chien-Shuing Wu, grande dame de la physique nucléaire (1912-1997)
SurnomĂ©e « première dame de la physique », Chien-Shuing Wu est une physiciennne sino-amĂ©ricaine, spĂ©cialiste de la physique nuclĂ©aire. ElevĂ©e dans une famille progressiste dĂ©fendant l’Ă©galitĂ© des sexes, elle rejoint l’Ecole normale de jeunes filles de Suzhou, près de Shanghai. Elle y dĂ©couvre sa passion pour les sciences et obtient sa licence de physique en 1929, puis son doctorat en 1940.
Après l’entrĂ©e en guerre des Etats-Unis, elle se consacre Ă la recherche scientifique pour soutenir sa famille. Elle intègre le projet Manhattan en 1942, recherches ayant conduit Ă la bombe atomique.
Après la guerre, la physicienne dirige ses recherches sur la dĂ©sintĂ©gration bĂŞta, une branche de la physique nuclĂ©aire, au cotĂ© de Tsung-Dao Lee et Chen Ning Yang (physiciens). Elle dĂ©montre la non-conservation de la paritĂ©* dans les interactions faibles**, qui rĂ©fute la thĂ©orie de la physique considĂ©rĂ©e comme une loi de la nature (hypothèse selon laquelle, au cours de rĂ©actions nuclĂ©aires, le mode de dispersion des particules ne suit aucune direction particulière). Ses travaux bouleverseront ainsi le monde de la physique. Si ces deux collègues reçoivent un prix Nobel pour leur travaux, Chien Shiung ne sera mĂŞme pas mentionnĂ©e. Elle sera cependant Ă©lue membre de l’AcadĂ©mie nationales des sciences des États-Unis et publie en 1965 Beta Decay, ouvrage de rĂ©fĂ©rence pour les physiciens d’aujourd’hui.
*Transformation changeant toutes les coordonnées spatiales en leurs opposées. La parité désigne un système de symétrie.
** Une des quatre interactions fondamentales de la nature, elle est, entre autre, responsable de la dĂ©sintĂ©gration radioactive et est Ă l’origine de la fusion nuclĂ©aire dans les Ă©toiles.
Rosalind Franklin, ou la dĂ©couverte de la structure l’ADN (1920 -1958)
NĂ©e en 1920 en Grande Bretagne et passionnĂ©e par les sciences dès son plus jeune âge, Rosalind Franklin suit ses Ă©tudes Ă l’UniversitĂ© de Cambridge et obtient son doctorat de physique-chimie en 1945. Elle se spĂ©cialise en diffractomĂ©trie des rayons X en France.
De retour Ă Londres, elle obtient un poste au King’s College, y applique ses connaissances Ă l’Ă©tude des matĂ©riaux biologiques et dirige ses travaux vers l’ADN avec trois autres scientifiques.
Grâce Ă la mĂ©thode de cristallographie aux rayons X, la biologiste rĂ©vèle dans une photo la structure en double hĂ©lice de l’ADN. Ce clichĂ© a notamment permis de modĂ©liser la structure tridimensionnelle de la molĂ©cule. James Watson, Francis Crick et Maurice Wilkins reçoivent alors le Prix Nobel de mĂ©decine en 1962, Rosalind Franklin rejoindra le panthĂ©on des femmes oubliĂ©es de la science.
Wangari Maathai, dĂ©fenseuse de l’environnement et de la paix (1940-2011)
Militante Ă©cologiste, scientifique et femme politique, Wangari Muta Maathai est une figure du combat pour l’environnement et pour la paix.
Née en 1940 au Kenya, elle termine ses études aux États-Unis et obtient une licence en biologie en 1964 en Pennsylvanie, puis un doctorat en médecine vétérinaire en 1971. Elle assiste alors aux luttes contre les discriminations raciales. Cette expérience marquera son engagement pour les droits humains.
Alors que le Kenya connait une importante dĂ©forestation, elle fonde en 1977 la « Green Belt », une organisation non-gouvernementale visant Ă construire des « ceintures vertes » autour des villes et des villages. Ce mouvement encourage les femmes Ă planter des arbres pour lutter contre la dĂ©gradation de l’environnement. Aujourd’hui, plus de 50 millions d’arbres auraient Ă©tĂ© plantĂ©s grâce Ă ce mouvement (depuis ouvert aux hommes).
Lors du retour au multipartisme en 2002 au Kenya, elle devient ministre adjointe au Ministère de l’Environnement et des Ressources naturelles de la RĂ©publique du Kenya.
En 2004, Wangari Maathai devient la première femme africaine à recevoir le prix Nobel de la paix pour « sa contribution en faveur du développement durable, de la démocratie et de la paix ».
Par ce qu’elles ne sont pas cinq, mais des centaines, le site l’Histoire par les femmes rappelle l’existence de ces nombreuses femmes, ayant fait basculer l’histoire de l’humanitĂ©, Ă leur manière. Qu’elles aient Ă©tĂ© scientifiques, aventurières ou criminelles, courageuses ou cruelles, il s’agit de rappeler que l’Histoire n’est pas uniquement une affaire d’hommes.